Le Pony Express et le paradoxe de la flèche

« Le Pony express » : des cow-boys facteurs transportent le courrier au grand galop, de la côte Atlantique à la côte Pacifique aux Etats-Unis. Il sera remplacé par le train Transcontinental et le télégramme.

Le Pony express est-il le rêve d’origine de la dromologie ? La quête de la plus grande vitesse pour parcourir un territoire, telle aura été la finalité absolue des technologies de la communication. La vélocité efface la distance. Ce qui se déplace annule la vitesse. L’instant est indivisible… Mais si le temps est fait d’instants successifs, le mouvement est impossible.

A la compagnie du Pony express, le rêve du jeune cavalier : avoir des jambes plus rapides que celles de son poney, des jambes qui courent « ventre à terre » tandis que s’envolent celles du petit cheval à bascule. Les quatre pattes du poney ont disparu, ne restent que les deux jambes du cavalier et le voile qui donne forme à la ponette de nos rêves. L’illusion d’optique du mouvement est dans l’expectative de son expression possible.

En mémoire du paradoxe de la flèche (Zénon d’Elée) : le mouvement n’a pas lieu d’être. Comment représenter le paradoxe d’une telle allégorie ? Elle se résout d’elle-même : fixée au mur, la flèche immobile indique le sens du mouvement possible, le cavalier sur ses deux jambes, tourne la tête dans la direction opposée, et le cheval adopte la fière allure du trotteur sans regarder ce qu’il y a devant.

En avant, en arrière, parade du sens : toute direction est réversible. Comme dans le mouvement circulaire d’un manège, le point de départ est aussi un point d’arrivée.

Henri-Pierre Jeudy